Liège-Décroissance

Ukraine

Ukraine : propagandes et idéologies à l’œuvre

La transcription de la conférence donnée par Daniel Zink le 27 octobre 2023 pour Liège-Décroissance :

Une des observations qu’on peut faire, par rapport à la guerre en Ukraine notamment, c’est qu’il est vraiment difficile d’en trouver des approches qui soient réellement globales, et qui soient réellement critiques sur les différents côtés concernés. Cela peut facilement échapper, car beaucoup – y compris des chercheurs, des essayistes, etc. –, beaucoup diront : « il y a de la propagande des deux côtés, des responsabilités des deux côtés » ; mais quand on creuse un peu, on se rend le plus souvent compte qu’en fait, les personnes concernées sont quand même concentrées sur les responsabilités d’un des deux côtés seulement.

Précisons à ce sujet que je ne fais pas du tout partie des gens qui, dès qu’ils sont face à un conflit, estiment forcément qu’il y a des responsabilités plus ou moins équivalentes des différents côtés concernés ; il est bien sûr tout à fait possible que, dans un conflit donné, l’essentiel des responsabilités se trouve d’un des côtés seulement. Précisons aussi que j’ai longtemps fait partie de ceux qui pensaient que les causes de la guerre en Ukraine n’étaient pratiquement que du côté de l’occident, et essentiellement bien sûr des USA. Il est évident que ce côté a des responsabilités énormes, dans ce conflit, mais, comme nous allons le voir, il est important de ne pas se limiter à ces responsabilités-là.

Autre observation : la dimension des idées ou idéologies intervenant dans ce conflit est globalement peu traitée ; or, cette dimension a visiblement des influences non négligeables. (Elle sera abordée dans la dernière partie de cette présentation, mais les éléments factuels présentés dans un premier temps seront également importants par rapport à cette dimension des idées, car ils contribueront fortement à en montrer la portée).

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Le climat dans le champ de tir
L’objectif « 2 % » de l’OTAN détruit le climatretour au sommaire

En 2022, les dépenses militaires mondiales ont atteint le niveau jamais atteint de 2,24 billions (mille milliards) de dollars étasuniens. Les pays membres de l’OTAN se taillent la part du lion avec plus de la moitié de ce total (1,26 billion). Malgré que les dépenses militaires de l’« ennemi du moment » (la Russie et ses alliés de l’Organisation du traité de sécurité collective – OTSC : Russie, Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan et Tadjikistan) ne représentent que 80 milliards de dollars (16 fois moins), l’OTAN a fixé l’objectif d’une augmentation des dépenses militaires telle que tous ses États membres devraient y consacrer au moins 2 % de leur produit intérieur brut (PIB).

Les efforts d’atténuation et d’adaptation au changement climatique souffrent d’un sous-financement chronique de plusieurs milliards de dollars, ce qui aggrave la crise climatique et ses répercussions sur les citoyens du monde entier. Les pays les plus riches, qui portent la plus grande part de responsabilité dans le dérèglement climatique, n’ont pas tenu leurs promesses de financement – déjà limitées – à l’égard de ceux qui sont confrontés aux conséquences les plus graves de ce dérèglement.

Le principal bénéficiaire des objectifs de l’OTAN est l’industrie de l’armement, qui a vu ses revenus, ses bénéfices et le cours de ses actions grimper en flèche. L’industrie fait pression pour que ces flux de bénéfices deviennent permanents, en exigeant des engagements structurels à long terme pour la production d’armes et en limitant les engagements environnementaux. Ce lobbying a porté ses fruits, comme en témoignent l’Acte de soutien à la production de munitions (ASAP) de l’UE pour 2023, le Plan d’action pour la production de défense de l’OTAN (2023) et le soutien de l’administration Biden à la production d’armements.

Ukraine, le béton médiatique se fissureretour au sommaire

Par Serge Halimi et Pierre Rimbert dans le Monde diplomatique d’octobre 2023

Google aurait, selon le New York Times, mis au point un robot capable de rédiger des articles de presse. Le traitement médiatique de la guerre en Ukraine suggère pourtant que les éditorialistes disposent d’une avance difficilement rattrapable en matière d’écriture automatique. En France, par exemple, une triade jusqu’au-boutiste formée par Le Monde, Le Figaro et Libération donne le ton et aligne, parfois au mot près, les mêmes mots d’ordre : « Céder face à Poutine signerait une défaite stratégique catastrophique pour l’Occident. (…) Les alliés de Kiev devront accélérer le rythme et la qualité des livraisons d’armes », proclame Le Figaro (10 août 2023). « Oui, cette guerre risque d’être longue. Le seul moyen de l’abréger est d’intensifier l’assistance militaire à l’Ukraine », confirme l’éditorialiste du Monde (18 août 2023). D’autant, insiste Serge July dans Libération (14 août 2023), qu’« il s’agit d’une guerre au cœur de l’Europe contre les régimes autoritaires, antidémocratiques qui privilégient la force et la tyrannie ». France Inter, LCI, BFM TV et la plupart des autres médias exécutent la même partition.

Déterminés à en découdre — mais à bonne distance des combats —, les maréchaux de l’information mobilisent leurs experts pour appuyer leurs analyses. Ce sont les mêmes qui patrouillent d’une antenne à l’autre : Thomas Gomart, François Heisbourg, Bruno Tertrais, Michel Duclos, etc. Mais Pierre Servent leur vole souvent la vedette. « Éditorialiste politique de TF1-LCI », « conseiller défense du Parisien  », il mériterait aussi de disposer d’un lit de camp dans les studios de France Inter tant il y est invité. Son approche scientifique évoque parfois Tintin au pays des Soviets. Il a accusé à plusieurs reprises les Russes d’avoir saboté leur propre pipeline Nord Stream 2, mais en précisant : « J’avoue que je n’ai pas de preuves pour ça » (LCI, 30 octobre 2022). Aucun risque cependant qu’on le juge « complotiste » ; l’étiquette est réservée aux critiques du discours dominant.

Source : www.monde-diplomatique.fr/2023/10/HALIMI/66206 (la suite est réservée aux abonnés).

Comment l’Amérique a mis hors service le gazoduc Nord Streamretour au sommaire

Par Seymour Hersh

Publié le 8 février 2023 sur SeymourHersh.substack.com sous le titre How America Took Out The Nord Stream Pipeline

Le New York Times a parlé de « mystère », mais les États-Unis ont exécuté une opération maritime clandestine qui a été gardée secrète – jusqu’à présent.

La décision de Biden de saboter les oléoducs est intervenue après plus de neuf mois de débats très secrets au sein de la communauté de sécurité nationale de Washington sur la meilleure façon d’atteindre cet objectif. Pendant la majeure partie de cette période, la question n’était pas de savoir s’il fallait effectuer la mission, mais comment l’effectuer sans que l’on sache ouvertement qui était responsable.

LIRE sur le site arretsurinfo.ch ou en PDF

La propagande travaille à nous faire croire que nous sommes en guerre contre le malretour au sommaire

Avec Anne Morelli, sur la RTBF le 27 juillet 2023

Les responsables de l’émission de la RTBF Par Ouï-dire ont eu la bonne idée de recevoir Anne Morelli à propos de l’Ukraine et de la réédition cette année de son livre « Principes élémentaires de propagande de guerre (utilisables en cas de guerre froide, chaude ou tiède…) » (Aden, 222 pages, 2023).

Pour écouter, vous pouvez télécharger l’émission (et économiser de l’énergie) ou la regarder en diffusion continue (streaming) sur le site de la RTBF où vous trouverez aussi des extraits de l’interview.

L’autre côté de la véritéretour au sommaire

Par Daniele Ganser le 12 mars 2022

Sans la violation du droit international, il y a huit ans [en 2014], par le président américain Obama, l’invasion illégale de Poutine n’aurait probablement pas eu lieu.

Le 24 février 2022, le président russe Vladimir Poutine a donné l’ordre à son armée d’envahir l’Ukraine, violant ainsi l’interdiction par l’ONU du recours à la force. Cette invasion est donc illégale. Presque exactement huit ans plus tôt, le 20 février 2014, le président américain Barack Obama faisait renverser le gouvernement ukrainien, afin d’attirer le pays dans l’OTAN. Ce coup d’État est à l’origine de la guerre en Ukraine. Tout comme l’invasion de Poutine, cette action d’Obama enfreignait l’interdiction par l’ONU du recours à la force. Elle était donc illégale. Il est temps de ne plus se contenter de demi-vérités et de raconter l’histoire du conflit de manière complète et équilibrée […].

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