Liège-Décroissance

À Monsieur Jean-Michel Heuskin, directeur de la MNEMA-Cité Miroir.
À Mesdames Véronique Limère, présidente, Catherine Maréchal, directrice et Cécile Parthoens, directrice du CAL Liège.

Monsieur le Directeur,
Mesdames les Présidente et Directrices,

Vous aurez pris connaissance de la lettre ouverte que vous a transmise Monsieur Francis Leboutte, de Liège-Décroissance, lettre signée par une cinquantaine de personnes. Au sujet donc de la Conférence de Michel Collon sur la Palestine, dont la tenue à La Cité Miroir a été refusée.

Je fais partie de ces signataires, mais je tiens en sus à vous manifester personnellement ma désapprobation totale vis-à-vis d’une telle décision.

Je constate amèrement qu’une fois de plus, entre les déclarations de principe et la réalité de tous les jours, le fossé est profond. Les motifs de cette interdiction sont fallacieux, reposant sur des accusations à l’emporte-pièce si souvent utilisées par des politiques, des experts et des médias à court d’arguments et désireux justement d’étouffer le débat. Je vois que ce qui s’est passé ici est en totale contradiction avec notamment ces objectifs déclarés de la MNEMA : « Objectif éthique de respect de l’autre, de dialogue, de confrontation d’idées, de développement du sens critique (…) ». Des objectifs partagés évidemment par le CAL.

Adhérent convaincu à la cause de la laïcité, depuis de longues années, je suis attentif à vos activités. Je reçois le trimestriel LA CITE MIROIR et suis abonné à la newsletter. Idem pour le CAL (revue SALUT & FRATERNITE). Si je fréquente surtout, avec mon épouse et/ou des connaissances, les cinémas des GRIGNOUX (dont les objectifs prétendus sont similaires), nous participons ponctuellement à l’un ou l’autre de vos événements. Ceci ne m’empêchera pas de poursuivre : je ne répondrai pas à votre intolérance par une autre intolérance. Mais ce sera avec un tout autre regard et de notables réserves quant à la sincérité de vos projets. Je me dois aussi d’évoquer l’hypothèse que ce serait là le résultat d’une certaine politisation de vos institutions et donc d’un manque d’autonomie et d’indépendance très dérangeant, tout comme peut-être la volonté de ne pas indisposer des pouvoirs subsidiants et autres sponsors.

Ce qui se passe en Palestine, en Cisjordanie et au Liban est EXCEPTIONNELLEMENT grave à tous points de vue. La Cour Internationale de Justice et la Cour Pénale Internationale, pour ne citer qu’elles, l’ont déjà suffisamment mis en évidence, je pense. La situation là-bas mérite tous les débats, sans préjugés, sans œillères et sans rejeter d’emblée l’apport d’analystes aussi sérieux et documentés que Michel Collon par exemple. Le rendez-vous avec l’Histoire, c’est maintenant. C’est maintenant que le massacre là-bas a lieu. C’est maintenant que les plus grands défis mondiaux nous submergent. C’est maintenant qu’il faut faire preuve de courage et de lucidité. En ce qui vous concerne, cela ne semble pas réellement vous interpeller et c’est vraiment regrettable.

Je ne manquerai pas d’en faire part bien sûr autour de moi. La parole sans des actes essentiels, les slogans creux tout comme servir de faire-valoir pour la pensée unique ne m’intéressent pas ; ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’indépendance vis-à-vis de toutes les dérives des pouvoirs quels qu’ils soient, de liberté de parole et d’action, de vérité.

L’incident n’est certes pas clos, il continuera à retenir toutes mes attentions. Et dans l’attente, veuillez agréer mes salutations.

Michel Horrion
4000 Liège