Liège-Décroissance

EVRAS, un très étrange guide d’éducation sexuelle

Emmanuel Tourpe

Septembre 2023

Note de Liège-Décroissance : ce billet a été publié début septembre 2023 sur un réseau social et très vite retiré par son auteur, Emmanuel Tourpe. Comme quoi, même lorsqu’on est le directeur de LN24 (télévision d’information en continu) qui plus est bardé d’un doctorat en philosophie, s’exprimer sur ce guide n’est pas sans risque. « Très étrange guide » peut-être mais certainement une très étrange époque !

Un très étrange guide d’éducation sexuelle a été adopté pour l’enseignement primaire et secondaire qui laisse pantois. Voire atterré. Sans être bégueule, le terme de scandale semble approprié. Bien évidemment qu’il faut une éducation sexuelle. Celle-ci ne doit pas être pour autant le cheval de Troie d’idéologies militantes et de lobbys.

Le guide beige « Evras », dont la première version avait été déjà très critiquée par des spécialistes de I'enfance, remet le couvert dans sa nouvelle version. Il a même été voté la semaine dernière par le monde politique visiblement peu alerté sur les idéologies latentes.

Outre le fait que tout se ramène au consentement (mot magique qui permet de justifier l’envoi de nudes par exemple), et que l’on peut être étonné que des enfants de 9 ans aient besoin d’être éduqués a la masturbation et a l’orgasme, un chapitre fait particulièrement problème. En France un tel chapitre mettrait des millions de parents dans la rue – et pas seulement ceux du Mariage pour tous, loin de la.

Il s’agit du chapitre (Pp. 158ss) sur le genre. J’en reproduis en photo la synthèse. Il s’agit « d’enseigner » aux enfants (des 8 ans !!!!) que le sexe de naissance n’est pas l’identité de genre. Bref : nature contre culture, corps contre esprit (on connait la musique : environnement contre liberté du capital, etc.).

Les auteurs ont-ils perdu de vue que cette distinction entre sexe de naissance et identité de genre, pour courante qu’elle soit dans les milieux d’ultragauche, n’est à ce stade rien d’autre qu’une idéologie ? De surcroit une idéologie dont le père intellectuel est un abuseur d’enfants, John William Money ? Elle a ensuite été portée par les milieux universitaires des Gender-studies de la gauche américaine, puis transformée en intense lobbying depuis quelques années en Europe, notamment auprès des adolescents. Cette distinction est pratique, car elle favorise la transfolie actuelle (créant par réaction une transphobie aussi absurde). Moins on la questionne plus elle semble une évidence. Il s’agit pourtant bien d’une simple hypothèse théorique, hautement contestable. Le Gender n’est ni un acquis philosophique ni une matière d’enseignement légitime. Le philosophe que je suis est extrêmement choqué qu’une telle idéologie, grave et fondée sur des principes hautement contestés, soit le socle d’une doctrine enseignée ait des petits enfants. C’est stupéfiant.

Le mot « endoctrinement » choisi par plusieurs associations qui vont porter plainte semble être le seul qui puisse caractériser une telle doctrine imposée à l’école. Le directeur d’une école célèbre de Bruxelles s’est également publiquement plaint de ce document inacceptable à ses yeux (comme aux miens).

Je me demande si les auteurs de ce chapitre dans un guide par ailleurs indispensable ne sont pas, sur ce chapitre du genre, des voleurs d’enfance plus que des pédagogues. Ce n’est pas être réactionnaire ou conservateur que s’opposer à ces pratiques : c’est entrer en résistance.