Lettre des objecteurs de croissance de Liège

Le 16 août 2015

mpOC-Liège
Mouvement politique des objecteurs de croissance
Groupe de Liège

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vous pouvez la consulter, de même que les lettres précédentes,
à l'adresse liege.decroissance.be/lettre/.

 

Bonjour,

Venez nous rejoindre à la rencontre des objecteurs de croissance de Merlimont, sur la Côte d'Opale dans le nord de la France (programme et info ci-dessous à l'agenda). Vous pourrez vous la jouer cool, la mer et la plage sont toutes proches !

En septembre et octobre, nous organisons, contribuons et soutenons plusieurs activités, à commencer par le dimanche convivial du 13 septembre (balade pédestre au départ de Coo), ensuite notre présence à Bio-en-Liège le 20 septembre, la soirée d'information anti-GMT (Grand marché transatlantique) du mercredi 23 septembre et le mardi 13 octobre à Louvain-la-Neuve, une projection commentée du film Sans Lendemain dans le cadre du cycle De la barbarie à l’utopie organisé par le mpOC.

Voir ci-dessous les rubriques Nos prochains dimanches conviviaux et L'agenda du mpOC-Liège pour plus de détails et pour d'autres événements. Notez que l'agenda du site est mis à jour continuellement, indépendamment de l'envoi de la prochaine lettre.


Sommaire

– Nos prochains dimanches conviviaux
– L'agenda du mpOC-Liège
– Dossier sur le climat
– Grèce : leçons.

 

Nos prochains dimanches conviviaux

Le 13 septembre 2015

Balade pédestre de Coo à Trois-Ponts, sur un beau parcours varié, à la carte, de 8 ou 16 km. Entièrement en nature sauf la traversée de Stavelot.

Première étape de Coo à Stavelot (8 km)

– Ceux qui voudraient se ménager peuvent emprunter un télésiège à Coo qui évite les 2/3 de la montée initiale assez rude (220 mètres sur un total de 300).
– À Stavelot, possibilité de visiter l'exposition Anne Frank à l'Abbaye et de prendre un bus pour Trois-Ponts (5 min).

Deuxième étape de Stavelot à Trois-Ponts

Par le GR14 : 8 km et 200 m de dénivelé positif.

Rendez-vous à la gare des Guillemins pour le train de 10 h 08 en direction de Gouvy, arrivée à Coo à 10 h 57 (ce train s'arrête aussi aux gares de Herstal, Liège-Palais, Liège-Jonfosse, Angleur et Poulseur).
Retour : train toutes heures impaires et 1 minute.
Coût du billet de train weekend aller-retour Trois-Ponts : ± 9 €.
Prendre son pique-nique et de bonnes chaussures.

L'agenda du mpOC-Liège

En gras les activités propres du mpOC-Liège ou celles auxquelles il contribue.

Dossier climat

Ne manquez pas le numéro double de juillet-août du journal La Décroissance (disponible chez tous les bons libraires), avec un spécial Contre-sommet mondial sur le climat et de nombreux textes intéressants comme ceux du philosophe Jean-Claude Michéa (Décroissance ou barbarie), de Thierry Jaccaud, rédacteur en chef de l'Ecologiste (En finir avec le mythe du Progrès), du philosophe Dominique Bourg (Une société folle ayant programmé la transgression tous azimuts des limites) ou de Serge Latouche (Pourquoi la décroissance implique de sortir de l’économie).

Dans ce numéro, votre meilleur compagnon de l'été, à lire aussi, Alléluia, le pape est pour la décroissance, l'analyse de la lettre encyclique Laudato Si’, lettre qui constitue sans doute un des événements politiques majeurs du début de ce siècle*. Voici un extrait de cet article de Vincent Cheynet et Pierre Thiesset :

« Stupeur et tremblements dans les rédactions : le pape François appelle à la décroissance. Alors que tous ont tellement rêvé de voir ce satané mot de décroissance enterré, voilà le pape en personne qui le sort de sa mitre ! L'encyclique l'affirme clairement : l'heure est venue d'accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d'autres parties. Le pape dénonce l'idée d'une croissance infinie ou illimitée qui enthousiasme beaucoup d'économistes, de financiers et de technologues. Contre le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète, qui conduit à la presser jusqu'aux limites et même au-delà des limites, François exhorte à en finir aujourd'hui avec le mythe moderne du progrès matériel sans limite[...]

L'état des lieux dressé par ce texte est sans ambiguïtés. Oui la croissance est destructrice. Elle dévaste les écosystèmes, ravage les paysages, réchauffe le climat, intoxique les corps et transforme le paradis terrestre en un immense dépotoir, bref en enfer... La soumission de la politique à la technologie et aux finances se révèle dans l'échec des Sommets mondiaux sur l'environnement[...] Contrairement à ceux qui affirment que les problèmes écologiques seront résolus simplement grâce à de nouvelles applications techniques, sans considérations éthiques ni changements de fond, l'encyclique prône une profonde réorganisation des rapports sociaux, à une transformation des styles de vie, des modèles de production et de consommation, des structures de pouvoir, à une remise en cause de l'appropriation privée[...]

Mais la où Laudato si' devient sulfureux pour les milieux d'affaires, c'est que l'écologie intégrale qu'elle défend lie préservation de la nature et justice sociale : Une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l'environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres. La voix du pape[...] remet radicalement en cause le développement imposé par les puissances du Nord, l'imposition d'un style de vie hégémonique lié à un mode de production, et l'opulence prédatrice d'une minorité de nantis : Nous ne nous rendons plus compte que certains croupissent dans une misère dégradante, sans réelle possibilité d’en sortir, alors que d’autres ne savent même pas quoi faire de ce qu’ils possèdent, font étalage avec vanité d’une soi-disant supériorité, et laissent derrière eux un niveau de gaspillage qu’il serait impossible de généraliser sans anéantir la planète.[...] c'est bien au contraire l'énorme consommation de certains pays riches que la décroissance - et le pape - attaquent, dans un souci de partage et de fraternité. Car Nous sommes bien conscients de l’impossibilité de maintenir le niveau actuel de consommation des pays les plus développés et des secteurs les plus riches des sociétés.

Certes, on pourra aussi relever quelques ambiguïtés dans cette lettre encyclique : une conscience peut-être excessive dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, une curieuse appréciation sur le sommet de la Terre de Rio en 1992, jugé innovateur et prophétique alors qu'il a couronné le développement durable et l'aseptisation de l'écologie dans le libéralisme[...]

Il ne s'agit pas bien sûr ici de valider toutes les positions de cette encyclique, mais de reconnaître qu'elle prend clairement position dans un clivage entre deux écologies : une écologie populaire qui remet en cause l'économie et la technologie, versus une écologie capitaliste qui veut croire en la possibilité d'une croissance verte. »

À quand un pape qui mettra sur la table la question de la surpopulation et accepte le contrôle des naissances ? Sans surprise on lit dans le paragraphe 50 de l'encyclique : il faut reconnaître que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire. Le pape François n'est pas le premier à reconnaître l'importance des limites en toute matière mais à considérer que la croissance démographique constitue une exception et que la surpopulation n'est pas une question. Pourtant n'importe quel étudiant écologue vous le dira : dès qu'une population, quelle qu'elle soit, dépasse la capacité de charge de son écosystème, elle est menacée d'effondrement voire de disparition en cas de dépassement excessif. L'espèce humaine ne fait pas exception, elle n'est qu'une des espèces de l'écosystème Terre et en dépend tout autant que les autres pour sa survie, de même que de la bonne entente qu'elle aura avec ces espèces compagnes.

Niko Paech interviewé dans La Décroissance** déclare à propos de la soi-disant liberté de consommer et de se déplacer qui, pour certains, ne serait pas négociable :

La liberté des uns s'arrête là où commence le droit des autres. Si l'on considère le caractère fini de notre planète et les lois inflexibles de la thermodynamique, on peut se poser la question suivante : quelle liberté matérielle peut se permettre un individu sans vivre au-dessus de ses moyens écologiques, et par conséquent au-dessus de ses moyens sociaux. La liberté individuelle exercée sans la moindre forme de responsabilité mène à la barbarie.

Au nom de quelle sacralisation en serait-il différent de la liberté de procréer ?

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* Laudato Si’ (loué sois-tu), 24 mai 2015. En vente en librairie. Disponible en PDF sur le site du mpOC-Liège.
** Voir La protection du climat n'est possible que dans une économie de post-croissance, page 13. Niko Paech est professeur d'économie à l’Université d’Oldenburg, objecteur de croissance et prône une réduction massive de la production industrielle. Il est l'auteur de plusieurs essais non traduits en français, dont : Liberation from Excess - The road to a post-growth economy. oekom verlag, 2012.
 

Grèce : leçons

Après le succès de Syriza aux élections du 25 janvier 2015 sur un programme de rupture, la fin de la dictature de la Troïka* et une route vers une société plus juste semblaient en vue en Grèce. Aujourd'hui, 6 mois plus tard, en dépit du résultat du referendum du 5 juillet, un retentissant NON aux propositions de la Commission européenne (61 % des voix exprimées), et, après le vote du 22 juillet au Parlement grec en faveur du dernier train de mesures antisociales**, l'avenir semble sombre tant pour la Grèce que pour tous ceux qui aspirent à une Europe soucieuse du bien commun et du partage équitable de la richesse. La fin d'une bataille mais pas de la guerre ?

Nous avons rassemblé une vingtaine d'articles et documents sur la question dans ce dossier. Parmi eux, épinglons :

La démocratie aux ordures, Dimitris Alexakis, 20 juillet 2015.
Grèce : un détective pose quelques questions troublantes, Roberto Boulant, 9 juillet 2014. Une enquête désopilante de l'inspecteur Columbo à propos de ces voyous de haut vol les plus en vue, grands contributeurs des politiques criminelles de la Troïka et finalement pas autre chose que des assassins de masse (Juncker, Merkel,...***)  : Même mon chien le voit maintenant.
La Grèce face à ses bourreaux : il est temps d’aimer la démocratie…, Bruno Poncelet, 17 juillet 2015.
Grèce : les conséquences de la capitulation, Éric Toussaint, 21 juillet 2015.
Le 13 juillet 2015, en signant l’accord, Tsipras n’a pas eu le choix...(FAUX), Yannis Youlountas, 18 juillet 2015.

À noter aussi dans le Monde Diplomatique de ce mois un intéressant dossier, Le révélateur grec, dont ces deux articles très instructifs :

– L’ordolibéralisme allemand, cage de fer pour le Vieux Continent (François Denord, Rachel Knaebel et Pierre Rimbert).
   Extrait :

Cette idéologie allemande mal connue porte un nom : l’ordolibéralisme. Comme les adeptes anglo-saxons du « laisser-faire », les ordolibéraux refusent que l’Etat fausse le jeu du marché. Mais, contrairement à eux, ils estiment que la libre concurrence ne se développe pas spontanément. L’Etat doit l’organiser ; il doit édifier le cadre juridique, technique, social, moral, culturel du marché. Et faire respecter les règles. Telle est l’« ordopolitique » (Ordnungspolitik). L’histoire de cet interventionnisme libéral prend sa source dans le bouillonnement de l’entre-deux-guerres, il y a huit décennies[...]

Vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin, la doctrine « ordo » imprègne toujours les cadres de la direction générale de la concurrence et inspire nombre de commissaires européens, tel le Belge Karel Van Miert, récipiendaire du prix Ludwig-Erhard en 1998, ou encore l’Italien Mario Monti. Mais le fief ordolibéral le plus inexpugnable se trouve à Francfort. « La constitution monétaire de la Banque centrale européenne [BCE] s’ancre fermement dans les principes de l’ordolibéralisme », reconnaît l’actuel président de l’institution, M. Mario Draghi (20). Par son fonctionnement, par son indépendance vis-à-vis des institutions démocratiques ou encore par sa mission unique de maintien de la stabilité des prix, la BCE plagie la Bundesbank. En 2003 (19 septembre), Les Echos saluaient son futur président, M. Jean-Claude Trichet — pourtant énarque et français —, comme « le plus authentique représentant de l’esprit mais aussi de la pratique qu’a incarné la Bundesbank depuis sa création en 1949 jusqu’à l’intronisation de l’euro ».

Le combat a cessé faute de combattants. En Europe, la marée basse de la souveraineté populaire laisse apparaître dans leur froide efficacité les structures de pilotage automatique patiemment mises en place dans les bureaux de Bruxelles et les tours de Francfort : indicateurs placés en apesanteur démocratique par le traité de Maastricht (les fameux 3 % de déficit), instauration en mars 2012 de la « règle d’or » allemande limitant les déficits budgétaires pour les Etats membres[...]

– Leur seul objectif était de nous humilier (Yanis Varoufakis).

On y lit cette citation remarquable du ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble :

On ne peut pas laisser des élections changer quoi que ce soit.

Ce qui n'est pas sans rappeler la déclaration de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, au journal Le Figaro en février 2015 :

Dire que tout va changer parce qu'il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c'est prendre ses désirs pour des réalités(…) Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens...
 

Enfin ne manquez pas de consulter le blog de Yannis Youlountas, Contre-information sur la Grèce : blogyy.net.

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* Banque centrale européenne, Commission européenne et Fonds monétaire international.
** Seuls 31 députés de Syriza s'y sont opposés, après la dernière défection en date, celle de Yanis Varoufakis, l'ex-ministre des finances.
*** Hank Paulson, président de Goldman Sachs ; Wim Duisenberg, ex-président de la BCE ; Jean-Claude Trichet, ex-président de la BCE ; Dominique Strauss-Kahn, ex-président du FMI ; Claude Juncker, ex-Premier ministre du Luxembourg et actuel président de la CE ; Wolgang Schäuble, ministre des finances de l'Allemagne ; Angela Merkel, chancelière de l'Allemagne depuis 2005.

 

Pour le mpOC-Liège,
Francis Leboutte

Mouvement politique des objecteurs de croissance, groupe de Liège
Tél : 04 277 91 42
Courriel : info @ liege.mpOC.be
Site : liege.decroissance.be

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